Avec la Table du Temps Jadis découvrez
la gastronomie médiévale et
les recettes anciennes de la Renaissance
la gastronomie médiévale et
les recettes anciennes de la Renaissance
Un mélange riche et diversifié de saveurs, d’épices, d’influences culturelles et d’innovation reflète l’art culinaire de l’Europe du Moyen Âge et de la Renaissance
Le Moyen Âge (du Ve siècle à la fin du XVe siècle) est une époque fascinante, particulièrement marquée par beaucoup de contacts avec d’autres cultures (tel le monde arabe), qui ont généré de grands changements. La cuisine médiévale constitue un élément essentiel de notre riche patrimoine culturel. Elle se caractérise par les aspects suivants :
- La diversité et le régionalisme culinaire : chaque région, selon son climat et ses ressources locales, développe ses propres traditions et spécialités culinaires.
- L’influence des croisades et des échanges commerciaux : les croisades et les échanges commerciaux jouent un rôle clé dans l’introduction de nouveaux ingrédients et d’épices en Europe. Ces nouveautés enrichissent les saveurs de la cuisine et sont souvent utilisées comme symboles de prestige et de richesse.
- Les contrastes et les symbolismes dans la cuisine : la cuisine se caractérise par de forts contrastes, avec l’utilisation abondante d’épices dans les plats des classes aisées, tandis que les aliments de base pour la majorité sont plus beaucoup plus simples. La nourriture a également une dimension symbolique et rituelle importante et la religion influence beaucoup l’alimentation. En effet, au Moyen Âge, il existe une double cuisine : celle des jours gras et celle des jours maigres, quand les chrétiens doivent exclure toute alimentation d’origine animale. Le calendrier chrétien comptait 150 à 250 jours maigres : les vendredis, parfois les samedis, les veilles des grandes fêtes religieuses et le Carême.
- L’apparition des manuscrits de cuisine et la transmission du savoir : bien que moins répandus que pendant la Renaissance, des manuscrits de cuisine commencent à apparaître, détaillant recettes et techniques culinaires. Ces textes, bien que rares, jouent un rôle crucial dans la préservation et la transmission des connaissances culinaires.
La Renaissance (du XVe siècle jusqu’au début du XVIIe) est quant à elle une période charnière qui symbolise la transition entre deux périodes historiques : le Moyen Âge et ce que l’on appellera communément « les Temps modernes ». La Renaissance italienne joue un rôle crucial dans l’évolution de la gastronomie européenne, en introduisant de nouvelles techniques, ingrédients et idées, qui façonnent la cuisine moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui.
On peut résumer ainsi les faits marquants pour la gastronomie de cette époque :
- Innovation et expérimentation culinaire : la Renaissance marque une période de curiosité et d’expérimentation dans de nombreux domaines, y compris la cuisine. Les chefs italiens de l’époque, influencés par l’esprit de découverte de la Renaissance, commencent à expérimenter de nouvelles techniques et ingrédients, ce qui mène à l’évolution de la cuisine européenne.
- Influence des voyages et du commerce : avec l’expansion du commerce et les voyages, de nouveaux ingrédients tels que les tomates, le maïs et les pommes de terre sont introduits en Europe. Ces ingrédients, malgré une forte méfiance initiale, sont progressivement incorporés dans la cuisine européenne, modifiant significativement les habitudes alimentaires.
- Art de la table et présentation des plats : on fait beaucoup plus attention à l’esthétique et à la présentation des plats. La table de la Renaissance italienne est souvent un spectacle, avec des plats élaborés et décoratifs, ce qui influence les codes de présentation dans toute l’Europe.
- Livres de cuisine et savoir-vivre à table : l’imprimerie, qui apparait au milieu du XVe siècle, permet la diffusion de livres de cuisine, qui aident à standardiser certaines pratiques culinaires et à les diffuser au-delà des frontières. Des publications concernant les bonnes manières à table font aussi leur apparition.
- Mélange des cultures et des saveurs : la Renaissance est une période de mélange culturel, et cela s’est reflété dans la cuisine. Les influences d’Italie et d’autres pays européens commencent à se mélanger, créant des plats hybrides et novateurs.
La cuisine médiévale, des préparations culinaires qui racontent des histoires
Durant cette période médiévale, la nourriture est véritablement un symbole de statut. Les transgressions alimentaires ne sont pas uniquement mal perçues, elles sont également punies par la loi. Des lois somptuaires (réglementations qui encadrent les habitudes de consommation) très étoffées précisent notamment, en résonance avec la classe sociale et le niveau de revenu des personnes, ce qu’elles sont autorisées à consommer. L’utilisation des épices dans les préparations culinaires du Moyen Âge caractérise la table du seigneur et la différencie de celle du métayer, où les fruits n’y sont pas plus présents que les épices.
Durant l’époque médiévale, les épices tiennent un rôle majeur et même social, répondant à une certaine philosophie humaine. D’ailleurs, la médecine du Moyen Âge leur confère de nombreuses vertus et particulièrement des qualités digestives, comme l’observe Hildegarde de Bingen. La maîtrise de l’harmonie des épices suscite donc un véritable engouement durant l’ère médiévale et le nombre impressionnant d’épices utilisées en témoigne. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs totalement oubliées de nos jours, comme la graine du paradis et le poivre long d’Insulinde (mais heureusement, on peut encore les trouver).
Côté cuisson, les menus médiévaux sont concoctés dans un âtre, situé au cœur de la pièce à vivre, ce qui permet d’en exploiter le plus possible la chaleur. Une disposition courante durant tout le Moyen Âge, même pour les foyers privilégiés, où la cuisine se combine avec l’espace de réception. Il faut en effet attendre la fin du Moyen Âge, pour que la cuisine médiévale commence à être séparée.
Les céréales comme le blé, l’orge, le seigle et l’avoine sont à la base de l’alimentation médiévale. On fait du pain, des bouillies et des porridges. Dans le potager, on cultive oignons, choux, carottes et navets ; ces aliments, qui à cette époque sont désignés par le mot « racines », sont utilisés dans de nombreux plats ainsi que les herbes comme le thym, le persil, la ciboulette, la sarriette, le persil, la menthe et la sauge. On retrouve aussi laitues, bettes et épinards. Les viandes les plus courantes sont le porc (utilisé aussi pour préparer la charcuterie), le mouton, le bœuf et la volaille (poulet, oie et canard). Dans les poissons les plus consommés, on retrouve le brochet, l’alose, l’anguille et le turbot. La chasse fournit du gibier comme le cerf et le sanglier mais ce gros gibier est plutôt réservé à la table de nobles et les moins fortunés se contentent du lapin ou du lièvre. Le gibier « volant » est aussi un élément important de la cuisine : les oiseaux tels que les faisans, les perdrix et les cailles sont couramment chassées et préparées.
Les œufs sont l’aliment d’origine animale le plus répandu, jouant un rôle essentiel dans la préparation des pâtes, des desserts et des tartes salées, ainsi que pour épaissir les sauces. Les paysans en consomment en grande quantité, car les œufs fournissent les protéines manquantes dues à la rareté de la viande dans leur alimentation quotidienne.
Au Moyen Âge, la médecine considère avec méfiance le fromage et recommande sa consommation de manière très modérée. Il est également perçu comme un aliment humble, associé au régime alimentaire des paysans, et par conséquent dédaigné par les nobles.
En ce qui concerne les fruits, on trouve pommes, poires, coings, pêches et noix. Parmi les fruits cueillis en forêt, on trouve diverses variétés comme les cormes, les prunelles, ainsi que les nèfles et les alises. Les sous-bois fournissent par ailleurs une abondance de baies sauvages, incluant mûres, groseilles, framboises et fraises qui sont beaucoup plus petites que celles que nous connaissons aujourd’hui.
Au Moyen Âge, la classification des aliments est basée sur une hiérarchie appelée la « chaîne de l’être« , qui s’inspire de la conception médiévale de l’univers. Selon cette idée, les aliments sont classés de la légèreté à la lourdeur en suivant une échelle allant du ciel à la terre. Les nobles de cette époque croient qu’ils doivent se nourrir des aliments les plus « aériens » pour s’approcher de Dieu. Ils consomment donc les oiseaux, car en volant dans les cieux, ils sont plus proches du divin. C’est pour cela que les oiseaux de grande taille, tels que paons, cygnes, hérons, cigognes et grues, sont souvent au menu de festins somptueux.
Comment se déroule un repas médiéval chez un seigneur au Moyen Âge ?
À table, les convives partagent le tailloir, une planche à découper, avec leur voisin, même lorsque celui-ci est un étranger. Le tailloir peut prendre la forme d’une assiette en bois, ronde ou rectangulaire, en étain, cuivre ou bronze selon la richesse de la maison. On y place une tranche de pain (appelée ‘tranchoir’) sur laquelle sont déposés les aliments solides.
Les repas chez les seigneurs durant la période du Moyen Âge sont ponctués par plusieurs services (entre 1 et 8).
On commence par des salades assaisonnées ou des fruits frais pour ouvrir l’appétit ; suivent ensuite des potages ou des brouets. Il faut préciser que les potages sont très différents de notre façon de les concevoir aujourd’hui : au Moyen Âge les potages sont plutôt des soupes épaisses à base de légumes et de viande, plus proches des potées actuelles. Les brouets, quant à eux, sont des préparations à base de viandes mijotées avec des légumes et des herbes. Potages et brouets étaient généralement servis avec des morceaux de pain.
Le festin se poursuit avec des viandes rôties accompagnées de diverses sauces, souvent épaissies avec de la mie de pain ou du jaune d’œuf, mais sans matière grasse.
Les » entremets « , » intermèdes entre les plats « , sont de véritables interludes au cours des repas de l’époque médiévale. Ils prennent la forme soit de préparations culinaires spectaculaires et sont de véritables parenthèses ludiques ressemblant à des petites pièces de théâtre où des histoires sont racontées. Des moments particulièrement attendus durant lesquels troubadours, conteurs et jongleurs entrent en scène. Des poèmes sont lus, des animaux sauvages et/ou des produits exotiques venus de lointaines contrées sont présentés. Pendant ce spectacle, les convives se régalent de petites bouchées salées ou de beignets.
Le repas reprend ensuite avec la » desserte « , équivalant à notre dessert. C’est le moment où on sert des fouaces, des crèmes, des tartes au sucre, des beignets, des darioles, des compotes de fruit ou encore des gaufres.
Enfin, pour terminer le repas, les invités se rendent dans une autre pièce pour se rafraîchir l’haleine avec des dragées, des épices et des fruits confits généreusement offerts par l’hôte. Cette tradition est connue sous le nom de » boute-hors « . C’est le moment de l‘Hypocras, une boisson, très répandue au Moyen Âge, à base de vin, de sucre ou de miel et d’épices (cannelle, gingembre, graine de paradis, noix de muscade et galanga). L’hypocras sucré est réservé aux aristocrates, tandis que la version au miel est destinée au peuple, car au Moyen Âge, le sucre est perçu comme un produit de luxe, rangé dans la catégorie des épices.
La cuisine de la Renaissance, révolution alimentaire et l’inventivité culinaire sont en marche
La Renaissance marque un tournant significatif dans la composition des menus. C’est un peu comme si cette époque venait créer un pont entre le nouveau et l’ancien monde, posant les fondements d’un grand changement des cultures alimentaires. La fascination pour l’Italie n’y est pas étrangère, elle est même au cœur de ce bouleversement, tout comme l’émergence de nouvelles pensées d’humanistes, l’essor des arts, la découverte de l’Amérique, la réforme protestante et l’invention de l’imprimerie. Des événements majeurs qui exercent incontestablement une influence sur les façons de vivre la table et la cuisine. On évoque alors l’inventivité culinaire.
Durant la Renaissance italienne, un texte emblématique intitulé ‘De honesta voluptate et valitudine‘ fait son apparition. Écrit par l’humaniste Bartolomeo Sacchi, plus connu sous le nom de Platine, cet ouvrage se concentre sur les régimes alimentaires ainsi que sur la valeur conviviale et nutritionnelle des aliments. Cette œuvre, qui est reconnue comme le premier livre de cuisine imprimé, est traduit en français sous le titre ‘Platine en francoys’. Ce livre, qui devient un succès majeur dès 1505 en France, puise son inspiration dans les œuvres de Maestro Martino, un cuisinier renommé de l’époque, et intègre des recettes tirées de son ‘Libro de Arte Coquinaria’. »
L’art de la charcuterie se développe avec des spécialités telles que le jambon, le salami, la pancetta, les saucisses. Pour prolonger leur durée de conservation, certains charcutiers ajoutent des grains de poivre dans les saucissons, une méthode toujours en usage.
Avec la réforme protestante, le beurre, jusqu’alors considéré comme la graisse des pauvres, devient un ingrédient de la cuisine quotidienne, grâce à une dispense spéciale autorisant son utilisation même pendant la période du Carême, où la consommation de viande et d’autres produits d’origine animale était interdite. Par ailleurs, dès le XVIe siècle, le fromage commence à faire son apparition dans les mets de la cour.
À la fin de la Renaissance, le pain blanc commence à dominer les tables de la noblesse, grâce à des techniques de mouture des céréales plus avancées qui permettent d’éliminer le son. En revanche, les classes populaires continuent à consommer du pain noir, également prisé dans de nombreux monastères comme symbole de rejet du luxe.
La découverte du Nouveau Monde entraîne ce qu’on appelle l’ ‘échange Colombien‘ (du nom de Christophe Colomb), à savoir l’échange et le mélange progressifs de cultures, d’animaux et de produits alimentaires entre les continents américain et européen. L’Europe voit arriver des produits tels que le maïs, la pomme de terre, la tomate, la courge, la courgette, le poivron, le piment, le tournesol, les haricots, la myrtille, la framboise, l’ananas, la papaye et l’arachide. De leur côté, les Amériques accueillent l’olivier, la vigne, le blé, l’orge, le riz, l’avoine, la pomme, l’abricot, la pastèque, les agrumes, l’artichaut, le chou, l’ail, l’aubergine, l’oignon et l’amande.
Sous l’impulsion italienne, des fruits tels que les oranges douces, les citrons et les melons font leur apparition sur les tables aristocratiques. Contrairement au Moyen Âge où les fruits sont consommés en début de repas, à la Renaissance les fruits sont plutôt savourés en fin de repas, sauf pour les melons et les figues qui accompagnent encore aujourd’hui les entrées de charcuterie. Les fruits sont appréciés sous diverses formes, notamment cuits, en compotes, transformés en pâtes de fruits, confitures ou encore en fruits confits.
Pendant longtemps, le sucre, à qui on reconnait à cette époque des bienfaits digestifs, est utilisé comme remède. Nostradamus confère aux confitures des propriétés médicinales dans son ouvrage de 1555, Traité des fardements et confitures, où il propose des recettes à fins thérapeutiques, comme le soulagement du foie ou la lutte contre la mélancolie avec la confiture d’écorce de buglosse. Cependant, au cours de la Renaissance, le sucre évolue dans sa perception, comme en témoignent les écrits de l’époque, y compris ceux du géographe flamand Abraham Ortelius en 1572 : » Au lieu qu’auparavant le sucre n’était recouvrable qu’aux boutiques d’apothicaires qui le gardaient pour les malades seulement, aujourd’hui, on le dévore par gloutonnerie. Ce qui nous servait de remède nous sert à présent de nourriture « . Cette période voit également l’émergence de friandises telles que le sabayon, les macarons, les sorbets et les crèmes glacées. Les premiers bonbons sont créés par le confiseur italien Giovanni Pastilla sous forme des pastilles en sucre coloré.
L’arboriculture se développe avec la sélection et l’hybridation de différentes variétés de fruits, comme en témoigne la prune Reine-Claude, nommée d’après l’épouse de François Ier.
À partir du XVe siècle, il devient crucial pour les familles aristocratiques de pouvoir impressionner leurs convives avec des plats exquis lors de banquets inoubliables. De ce fait, les talents culinaires prennent une place centrale, propulsant les ‘chefs de cuisine‘ au rang de professionnels reconnus. Les plus doués parmi eux gagnent en notoriété, devenant des figures convoitées et disputées par les élites pouvant se les permettre. Certains d’entre eux élaborent des livres de recettes détaillées, offrant un aperçu précis des ingrédients, des quantités et des techniques de préparation. Ces ouvrages contribuent à la transmission d’un patrimoine gastronomique riche, issu de l’expérience personnelle et collective des acteurs clés de la cuisine de l’époque. Les personnages à qui on doit cette transmission de savoir sont Bartolomeo Scappi, le cuisinier des papes Pie IV et Pie V, et Cristoforo di Messisbugo, surintendant ducal à la cour d’Estense de Ferrare.
A la Renaissance les bonnes manières, le service, l’art de la table et la façon de manger changent
En Angleterre, des règles de bienséance sont déjà enseignées au Moyen Âge, souvent sous forme de ‘préceptes versifiés’ qui conseillent, par exemple, de ne pas parler la bouche pleine, de mâcher calmement et sans faire de bruit, de ne pas nettoyer son couteau sur la nappe, de se moucher discrètement, entre autres. Mais c’est pendant la Renaissance qu’on commence à rédiger des textes sur les bonnes manières à table et le comportement approprié en société. En 1530, le théologien, humaniste et philosophe néerlandais Érasme de Rotterdam écrit dans son manuel de savoir-vivre La civilité puérile donne : » Avant de se mettre à table, il faut se laver les mains, se curer les ongles, lâcher son urine à l’écart, au besoin se soulager le ventre. Le verre se place à droite ainsi que le couteau, le pain à gauche. (…) Commencer le repas par boire est le fait des ivrognes. On ne doit boire qu’au second plat, après le potage. Il faut auparavant s’essuyer les lèvres avec la serviette ou avec son mouchoir. Il est grossier de plonger les doigts dans les sauces, de fouiller dans les plats. (…) Le sel doit se prendre avec le couteau, non avec les doigts « .
Concernant le service, l’ordre des plats servis lors des repas devient plus complexe. Les repas dans les demeures italiennes les plus riches comprennent le » service de credenza » et le » service de cuisine « . Le service de credenza consiste en des mets préparés à l’avance et disposés sur un meuble spécifique, la credenza. Il inclut des plats froids tels que les entrées, les fromages, les desserts et les fruits, servis par les valets ou mis à la disposition des convives qui peuvent se servir eux-mêmes. Vers la fin du XVIe siècle, le meuble utilisé pour ces plats est appelé buffet, nom venant de Pierre Buffet, « Maître queux » du roi de France François Ier. Lors des banquets, le buffet sert aussi à présenter boissons, argenterie et vaisselle précieuse. Avec le service de cuisine, les valets apportent sur des plateaux communs les plats chauds cuisinés sur le moment, tels que soupes, pâtes, viandes et poissons bouillis, rôtis ou en sauce, accompagnements et sauces. Entre les plats, les invités se lavent les mains, parfois avec de l’eau de rose ou aromatisée.
Il existe trois manières de servir les invités : le service à l’italienne, le service à la française et le service à l’allemande. Dans le service à l’italienne, les valets servent les différents plats à chaque convive, en commençant par le maître de maison et les invités les plus importants, à qui sont réservés les morceaux les plus délicats. Dans le service à la française, les plateaux de service, suffisants pour quelques personnes, sont placés au centre de la table sur des supports surélevés ou des chauffe-plats, et chaque convive se sert lui-même. Dans le service à l’allemande, de grands plateaux de service sont préparés, suffisants pour au moins dix convives.
Concernant la mise en place, l’utilisation d’assiettes individuelles se généralise. Elles peuvent varier en taille selon les mets servis : petites pour les légumes, les fromages et les desserts, plus grandes pour les pâtes et la viande. Les demeures aristocratiques disposent d’une vaisselle plus complexe et raffinée : une grande variété de céramiques, souvent finement décorées et personnalisées avec les armoiries de la famille. Leur utilisation est favorisée par le processus d’imperméabilisation, réalisé à la fin du Moyen Âge avec un vernis vitreux ou, dans le cas de la majolique, avec un émail à base d’étain. Les verres, généralement produits dans les verreries de Venise, sont de véritables œuvres d’art.
De plus, des cuillères de différentes tailles destinées à différents types d’aliments sont produites et la fourchette commence à apparaître sur les tables aristocratiques italiennes ; la fourchette arrive en France au XVIe siècle, grâce à Catherine de Médicis. Elle a introduit la fourchette à la cour lorsqu’elle est devenue reine de France en épousant Henri II en 1533.
Alors que manger directement sur la table est courant au Moyen Âge, l’utilisation de nappes et de serviettes de table devient un symbole de prestige à la Renaissance. Bien que le blanc soit privilégié, les tissus en lin finement travaillés ou ornés de broderies sont préférés. Parfois, des nappes colorées, et même parfumées, sont utilisées et changées entre les plats pour s’accorder aux mets servis.
Chez les nobles, toutes les occasions sont bonnes pour organiser des banquets : la volonté d’afficher sa puissance se manifeste souvent par un nombre impressionnant de plats, occasionnellement servis sur plusieurs jours. Dans son livre Dello scalco, publié en 1584, Giovan Battista Rossetti décrit des banquets qui durent cinq ou sept jours, avec environ trente plats différents pour chaque repas, que ce soit à midi ou le soir. Les banquets thématiques sont aussi courants, comme un événement remarquable où les œufs sont préparés de pas moins de quatre-vingt-sept manières différentes !
Un soin méticuleux est apporté à la décoration de la table, incorporant des éléments décoratifs tels que des fleurs, petites statues et » trionfi « , ces derniers étant de véritables œuvres d’art sculpturales qui ont émergé au XVe siècle et sont devenues particulièrement populaires au XVIIIe siècle. Ces pièces artistiques, créées avec une variété de matériaux comme le bois, la céramique, le cristal ou même la cire, le sucre et le beurre, sont placées soit au centre de la table, soit sur des meubles dédiés. Les trionfi servent occasionnellement de support pour présenter certains mets, tels que fruits et douceurs.
Livres et références sur la cuisine du Moyen Âge et de la Renaissance
- Côté recettes du Moyen Âge :
- Le Viandier de Guillaume Tirel dit Taillevent
- Le Ménagier de Paris
- Libro de la Cocina de Anonimo Toscano
- Cuisine Medievale pour tables d’aujourd’hui par Jeanne Bourin
- Cuisiner avec Hildegarde de Bingen par Marie-France Delpech
- Côté recettes de la Renaissance :
- Libro de arte coquinaria de Mastro Martino
- Opera de Bartolomeo Scappi
- Libro Novo de Cristoforo di Messinburgo
- Un Repas Historique Renaissance de Josy Marty Dufaut
- Pour en savoir plus sur l’Art culinaire médiéval :
- À la table des seigneurs, des moines et des paysans du Moyen Age de Eric Birlouez.
- Le Form of Cury par Josy Marty-Dufaut
- A tavola nel Medioevo de Odile Redon, Françoise Sabban et Silvano Serventi
- Pour en savoir plus sur la gastronomie de la Renaissance :
- La Gastronomie à la Renaissance par Françoise Sabban et Silvano Serventi
- Il Rinascimento a tavola de Pierluigi Ridolfi
- Festin princiers et repas paysans à la Renaissance de Éric Birlouez
- Banchetti, Composizioni di vivande e apparecchio generale de Cristoforo di Messinburgo
Les Recettes anciennes du Moyen Âge et
de la Renaissance concoctées par La table du temps jadis
de la Renaissance concoctées par La table du temps jadis
Offrez-vous une dégustation sensorielle et replongez-vous au cœur de la gastronomie médiévale et de la Renaissance avec La table du temps jadis. Je suis heureuse de vous partager des recettes anciennes que vous allez pouvoir préparer avec des épices et des ingrédients accessibles de nos jours.
C’est parti pour un voyage au temps des seigneurs médiévaux et des nobles de la Renaissance… Faites-vous plaisir et régalez vos invités.